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Par Liliane Octobre 2022

Le couvent des Célestins 1

Le vaste ensemble du couvent des Célestins – l’église, les bâtiments conventuels, le cloître, la bibliothèque, la chapelle saint Michel, l’aile des hôtes, les jardins – fut l’un des plus fastueux d’Avignon, exceptionnellement doté à la fois par le pape et par le roi de France. Il abrita de magnifiques mausolées, une statuaire et des tableaux des artistes les plus renommés, une riche décoration murale, les dons somptueux des plus grands seigneurs, et de toutes ces richesses, Révolution et occupation militaire obligent, il ne reste quasiment rien.


Pierre de Luxembourg Église saint Didier
Tout commence en 1387. Pierre de Luxembourg est nommé cardinal par l’antipape Clément VII à l’âge de 17 ans, mais il meurt dix mois plus tard à force de jeûnes et de pénitences. Déjà objet d’une profonde vénération de la part des Avignonnais, il est inhumé, selon son vœu, à même la terre dans le cimetière saint Michel réservé aux plus pauvres, alors situé à l’extérieur des remparts. Une chapelle du même nom y avait été bâtie vers 1347 par l'évêque Jean de Cojardan, octroyée successivement aux religieuses de sainte Catherine, aux Antonins et aux Bénédictins de Montmajour-lès Arles. Elle sera abattue en 1578, et son vocable transféré à la chapelle de Tous les Saints.

Chapelle saint Michel
Une foule considérable assiste aux obsèques du jeune cardinal, et la ferveur tourne même à l'émeute, les fidèles arrachant des poignées de terre et de son suaire. Très vite, l’emplacement est réputé faire des miracles et des guérisons spontanées : le jour même des funérailles, un marchand d’Avignon, Guillaume de Sabran, est guéri de la goutte après s’être traîné près du cercueil. Pas moins de « 1964 miracles dont 13 résurrections » ont lieu en trois mois. La reine de Sicile, Marie de Blois, fait couvrir la tombe par une chapelle en bois, et les pèlerins affluent. Les princes de toute l’Europe désirent faire le pèlerinage ; c’est l’endroit où il faut être allé.

C’est l’époque du Grand Schisme. Dans le but de faire reconnaître sa légitimité, Clément VII profite de la célébrité du jeune cardinal défunt et fait édifier un monastère près de la tombe avec l’aide financière des cardinaux Jean de Neufchâtel, Jean Allarmet de Brogny et Amédée de Saluces et offre le terrain aux Célestins. L’ordre des Célestins avait été fondé en 1254 en Italie par le futur pape Célestin V, selon la règle de saint Benoît.
Pierre de Luxembourg en prière
Tableau vers 1460 -Église saint Didier

Un célestin
Le roi Charles VI ne veut pas être en reste. Souhaitant être le fondateur du prieuré, il le dote richement, quatre mille livres de revenu exemptes de toutes charges, et ordonne la construction d'une église et d'un couvent. En 1395, le frère et les oncles du roi posent en son nom la première pierre. Le couvent des Célestins sera à la fois la dernière fondation de la papauté et la seule construction royale en Avignon, d’où les fleurs de lys rarement représentées.
Sur la façade rue saint Michel

L'église telle qu’elle était avant… la Révolution et les militaires.
La construction initiale – église, cloître, salle capitulaire, réfectoire, dortoir – va s’étendre jusqu’en 1425, mais des travaux annexes se poursuivront jusqu'au XVIIème siècle.
Le projet initial de l’architecte, Pierre Morel, est extrêmement ambitieux : vaisseau à sept nefs, avec doubles bas-côtés et chapelles latérales, mais faute de financement suffisant, l'église ne sera jamais achevée. Trois travées seulement sont élevées, le chœur des religieux occupant les deux premières.

Plan de 1848



L'abside offre de remarquables clés de voûtes et en particulier celle représentant un Christ en gloire dans une mandorle formée d'un vol de chérubins et encadrée de prophètes, œuvre de Pierre Morel.





Des ogives ajourées reposent sur des consoles d'anges musiciens. Un vaste remplage aveugle avec fleur de lys stylisée rappelle la filiation royale du monument.


