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Par Liliane, Mars 2019

LES PENITENTS BLANCS

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   La confrérie des Pénitents blancs des Cinq Plaies de Notre Seigneur Jésus Christ fut fondée en 1527 par des gentilshommes avignonnais avec l’appui des Carmes Déchaussés, avec pour vocation le soin des malades.

Ils portent une tunique blanche frappée du cœur de Jésus et de la couronne d‘épines. Ses statuts spécifient : «Ceux qui voudront se donner la discipline pendant la procession ne devront pas le faire avant la fin de l'office sous peine d'être privés d’assister a la procession. Au retour , ceux qui se seront donnés la discipline se rendront à l'infirmerie de la confrérie où le recteur donnera des ordres pour les soigner et les guérir».

 

Les blancs sont parfois nommés, depuis le XIVème siècle, Gonfalon, du nom de la confrérie fondée en 1267 par saint Bonaventure, théoricien et organisateur des confréries (voir leur emblème ci-dessus).

 

En 1564, Charles IX et Catherine de Médicis en font partie ; dix ans plus tard, c’est Henri III, passant par Avignon, qui se fait recevoir au nombre des Pénitents blancs. Revêtu du costume de la confrérie, il assiste avec les principaux seigneurs de sa cour à la procession dont il a pris la tête, pieds nus, un cierge à la main. Il veut même porter quelques instants la croix à la tête des confrères. Il pleut toute la journée sans interrompre la procession, ce qui fait rire et se moquer les spectateurs. Quelqu’un improvise une chanson qui court aussitôt partout :

Après avoir pillé la France
Et tout son peuple dépouillé,
N’est-ce pas belle pénitence
De se couvrir d’un sac mouillé !

Cependant, séduit par la piété des participants, Henri III instituera en 1583 à Paris la Confrérie des Pénitents blancs de l'Annonciation Notre-Dame dont il deviendra un membre actif.

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Pierre Grivolas - Musée Arlaten, Arles

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Imagerie populaire :

la procession d'Henri III et la dévotion à la Vierge

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A Avignon en 1920

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   Les Pénitents blancs sont probablement la plus prospère des compagnies d’Avignon, car un texte de 1572 porte plus de cent signatures.

 

Après l’interdiction des confréries par la Révolution et leur réimplantation à la Restauration, les vocations reprennent, et les confrères s’emploient à retrouver le faste ancien. La messe de 11 heures le dimanche devient la plus populaire d’Avignon.

 

Quand la tradition des processions prend fin, en 1880, les Pénitents blancs consacrent tous leurs soins à l’éclat de leurs cérémonies, mettant en valeur le folklore musical et les traditions avignonnaises, en particulier aux fêtes de Noël.

L'historien Joudou écrit : «Qu‘est devenue cette chapelle si coquette, où retrouver ce plafond aux caissons dorés, cette richesse de sculpture, ces tableaux de Mignard, ce luxe d'argenterie ciselée, ce jardin mignon où se célébraient les agapes dominicales par de copieuses libations et par ce ragoût tant vanté dont le nom reste à la confrérie en mémoire de son talent culinaire...» 

En 1948 le dernier recteur de la confrérie, Honoré Vernet, âgé de 86 ans, devant les difficultés matérielles et le manque de nouvelles recrues doit mettre fin à la confrérie en confiant tous ses documents au président de l’association paroissiale propriétaire des lieux.

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Honoré Vernet

L’église des Pénitents blancs

 

  

Notre-Dame la Principale fut fondée par le roi lotharingien Boson V, roi de Bourgogne, ce qui incluait la Provence. Elle est reconstruite au XIIIème siècle en style roman, puis transformée, notamment la nef, au XVIème et érigée en collégiale en 1584 par l’archevêque d’Avignon ; elle est de nouveau remaniée par Jean-Baptiste Péru fils, en 1758. Après la Révolution, le chœur disparaît, transformé en appartement privé. Ce n’est qu’à la Restauration, en 1816, que les trois confréries principales d’Avignon peuvent  se reconstituer. L’ancienne chapelle des Dominicains, où les blancs se réunissaient auparavant, étant dévastée, ils trouvent refuge à Notre Dame la Principale grâce à son achat par un membre de la confrérie, et elle prend alors le nom d’église des Pénitents blancs.

 

Aujourd’hui dépouillée de ses magnifiques tableaux de Pierre et Nicolas Mignard et de Pierre Parrocel, c’est une salle de spectacle affectée au Festival d'Avignon et à l'Institut supérieur des techniques du spectacle. Son grand autel de bois doré a été déplacé à la chapelle de l’Oratoire rue Joseph Vernet.

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Décor d'origine

et état actuel

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Eglise des Pénitents blancs - Place de la Principale

les Pénitents bleus

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Pénitent bleu de Toulouse (toujours actifs dans la région)

   En 1547, un groupe de confrères quittent les Pénitents blancs pour établir la confrérie des Pénitents bleus de Notre Dame de Pitié. Ils achètent un terrain dans l’enclos des Carmes et y construisent une chapelle.

 

Au XVIIème siècle, Avignon est gouvernée par des vice-légats qui n’y résident pas, le plus célèbre étant le cardinal Mazarin. Louis XIII en personne avait adhéré aux Pénitents bleus de Toulouse.

 

Un ouvrage de 1762 mentionne que Charles de Lorraine, cardinal et archevêque de Reims, qui en 1574 avait, en tant que membre des Pénitents bleus, participé pieds nus à la procession organisée sous une pluie glaciale par Henri III, « mourut d’un coup d’air après avoir porté la croix ».

 

Supprimée en 1744 à l'instigation des pénitents noirs de la Miséricorde, comme les violets et les rouges, la compagnie des pénitents bleus est rétablie deux ans plus tard mais ne perdure pas au-delà de la Révolution.

les Pénitents VIOLETS

   Au XVIIème siècle Avignon est soumis à l’autorité des Vice-légats, toutes les fonctions dévolues à des Italiens et les actes officiels rédigés en italien, alors que le peuple parle le provençal. L’arrogance des gouverneurs ajoutée aux abus de l'administration et aux lourdes impositions provoquent la « fronde avignonnaise ». Les pevoulins (vauriens) et les pessugaux (pressureurs) s'affrontent,  des barricades sont dressées dans Avignon, des hôtels pillés et incendiés. Un calme précaire ne revient qu’en 1659. C’est à la suite de ces troubles, en 1662, qu’une scission chez les Pénitents bleus provoque la création des Pénitents violets de la Sainte Famille. Elle s'installe dans un oratoire dédié à Saint Joseph, sur l’actuelle place du Grand-Paradis. Les façades de l'édifice sont refaites en 1740 sous la direction de Jean-Baptiste Péru père.

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Bien qu’ouvertes à toutes les catégories sociales, les confréries étaient souvent soumises aux influences des princes et des nobles. Les violets commencèrent à s’en affranchir.

 

Cependant, à l'instigation du recteur Manne des Pénitents noirs, grand savant et riche philanthrope mais aussi d’une ambition forcenée, la confrérie des Pénitents violets est supprimée en 1744, de même que les bleus et les rouges. Après des protestations véhémentes et une supplique de ces trois confréries, soutenues par les blancs, aux consuls de la ville à propos de l'interdiction de leur chapelle et de la séquestration de leurs biens, elle est rétablie en 1748 et se maintient jusqu'en 1792.

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La chapelle

 

Les façades de la chapelle des Pénitents violets sont inscrites au titre des Monuments historiques en 1966, mais elle est alors très délabrée. Depuis 2000, elle a été acquise et restaurée par la compagnie du Théâtre des Amants qui a conçu l’espace scénique et la salle pour accueillir des spectacles d’arts vivants.

 

Chapelle des Pénitents violets 

Théâtre des Amants

Place du Grand Paradis

les Pénitents rouges

   La  réaction des Pénitents violets contre la mainmise des grandes familles avignonnaises s’accentue avec la scission au sein de leur confrérie, donnant naissance à celle des Pénitents rouges de Notre-Dame de Consolation (ou de Réconciliation)  autorisée par une ordonnance de l'archevêque d'Avignon du 3 mars 1702. Ils recrutent leurs confrères parmi les résidents modestes du quartier des Infirmières.

 

En 1738, les Pénitents rouges commandent auprès de Thomas Lainé la façade de leur chapelle, située à l’angle des rues Carreterie et des Infirmières, face à la « Belle Croix » couverte, édifiée en commémoration de la fin du Grand Schisme. Il ne reste malheureusement rien de la Belle Croix d'origine, ni de la chapelle sinon un trompe-l’œil.

 

«Le 21 décembre jour de Saint Thomas, les Pénitents Rouges commencèrent leurs prières et leurs fonctions dans la chapelle qu'ils avaient fait bâtir vis-à-vis la Belle Croix à la Carreterie. Ils obtinrent de Monseigneur l'archevêque de quitter leurs habits rouges et de s'habiller de blanc avec un cordon rouge à la ceinture», note Laurent Drapier dans son journal.

 

Restés modestes en comparaison des autres confréries d'Avignon, les Pénitents rouges disparaissent en 1792. Le 15 janvier 1793, «vis-à-vis la ci-devant Belle Croix, on a pendu le roy et la reine en mannequin à la lanterne, en effigie».

                 < Pénitents noirs                                                             
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Pénitents rouges à Nice - 2016

Les femmes portent la mantille.

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