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AVIGNON ENTRE PESTE & CHOLÉRA

Le choléra

Le choléra, pathologie à progression brutale, fait son apparition à Avignon en 1835 (Jean Giono en fera un personnage à part entière du "Hussard sur le toit"), 1837, 1849, 1865, 1884 mais 1854 est l'année terrible. Les soldats logés au Palais des Papes utilisé alors comme garnison sont touchés en premier, puis les malades de l’Hôpital des Aliénés (plus tard prison sainte Anne) et le quartier de la Philonarde. Le choléra emporte les plus robustes en quelques heures ; la déshydratation de l’organisme donne au visage une cyanose effrayante, d’où le nom de « peur bleue ».


C’est de nouveau par bateau, à Toulon, qu’elle est arrivée en 1854. La maladie est surtout transmise par les déjections, les eaux souillées dans les caniveaux.

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Le choléra de 1854

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Le quartier de la Philonarde abrite des agriculteurs en contact étroit avec des chevaux, des mulets et des porcs et le manque  d'écoulements sanitaires fait se propager le choléra d'une façon dramatique. 72 communes du Vaucluse seront touchées.

 

Le 12 juillet, l'archevêque visite les maisons et le dimanche suivant, organise la procession de Notre Dame du Mont Carmel. Toutes les réjouissances publiques sont interdites. Deux fois par jour, la cloche du Jacquemart sonne pour l'arrosage et le balayage devant les maisons.

 

Le docteur Pamard (portrait ci-contre), chirurgien à l’Hôtel Dieu et futur maire, recommande bains de pied à la moutarde et infusions d‘ail, excitants cutanés, chaleur, ipéca, opium administré soit oralement soit en lavement. Des lazarets, en référence à saint Lazare protecteur de la lèpre, sont mis en place pour isoler les malades.

En 1884, l’épidémie de choléra asiatique ravage le nord de la France. Avignon s’y prépare par l‘approvisionnement des fontaines publiques en eau potable, l’assainissement des sorguettes, l’installation de vannes pour empêcher le Rhône de refluer en cas d'inondation, l’enlèvement des dépôts de fumier dans les rues et le long des remparts, tandis que Mgr Hasley, archevêque d’Avignon, publie une lettre pastorale : «Vous avez applaudi aux mesures de prudence recommandées par la science et par l’autorité civile ; mais vous avez compris que pour assurer à ces moyens naturels toute l’efficacité désirable, il fallait recourir à Celui qui est l’arbitre suprême de la vie et de la mort. Pour rendre vos supplications plus puissantes, vous les avez confiées à la Très Sainte Vierge notre refuge assuré dans toutes les peines et toutes nos alarmes, vous avez invoqué saint Roch, une des gloires, un des enfants de notre Province ».

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La fièvre typhoïde

Restait la fièvre typhoïde. L’usine pompe installée en 1869 à Monclar alimentait toute la ville, intra- et extra-muros, mais l’urbanisation rapide entraîna la pollution des nappes phréatiques. Si bien que, comme l’écrivit Henri Bosco un siècle plus tard, « à chaque coup de piston [elle] fournissait notre ville en milliards de microbes, la plupart mortels ». D’où les terribles épidémies de fièvre typhoïde en 1898, 1903, 1908, 1909, 1911... En 1912, la mortalité s’accroît, les hôpitaux sont pleins et l’opinion s’en prend violemment au maire, M. Valayer, accusé d’inertie. Les travaux d’assainissement entrepris, interrompus par la guerre, ne s’achèveront qu’en 1920.

 

Peste, choléra et typhoïde disparurent enfin.

Affiche  dénonçant la responsabilité du maire lors de l'épidémie de 1912

La grippe espagnole

   Avec au moins 50 millions de morts, la pandémie de grippe espagnole a provoqué de 1918 à 1920 une hécatombe encore pire que celle la Grande Guerre.

 

Elle a été traitée d’ «espagnole » car l’Espagne, neutre, ne soumettait pas ses journaux à la censure, contrairement aux pays en guerre, et mentionna rapidement la mortalité excessive entraînée par la grippe. Mais loin de l’Espagne, les premiers cas ont été répertoriés en mars 1918 dans le Kansas parmi des soldats américains. La maladie se serait ensuite propagée en Europe à la faveur de convois militaires puis répandue à travers le monde en trois vagues, la dernière étant la plus mortelle en raison de mutations du virus qui l'ont rendu plus agressif. En outre, les mouvements de troupes ont facilité sa propagation, les blessures et les privations diminuant les défenses immunitaires et on ne connaissait aucun remède.

 

On estime que tous les virus grippaux de type A circulant aujourd'hui chez les humains sont des descendants directs ou indirects de la souche du virus de 1918, en moins virulents.

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Denise Gourgeon, morte à 23 ans

de la grippe espagnole

le 7 novembre 1918 à Bédoin

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La grippe espagnole frappe surtout les jeunes adultes, même bien portants, en provoquant un engorgement des voies respiratoires qui les asphyxie.

Fin août 1918, l’épidémie s’aggrave brutalement à Marseille, Toulon, Hyères, Aubagne. Personne n’y échappe. Les hôpitaux sont débordés, les médecins manquent, de même que les médicaments de base comme la quinine, le formol ou l’huile de ricin. Il y eut 125 décès à Avignon sur une population de 25 000 personnes.

Et malgré les immenses progrès de la médecine depuis les dernières pandémies, en 2021 confinement et quarantaine sont de retour

pour le Covid-19.

Bibliographie

 

ac-sciences-lettres montpellier.fr/academie_edition/fichiers_conf/Thevenet1997.pdf

histoire-pour-tous.fr/dossiers/2463-hygiene-et-pollution-au-moyen-age.html

cairn.info/revue-histoire-urbaine

Henri Dubled –Article dans la Provence historique Université d’Aix

J.-B.-M. Joudou - Essai sur l’histoire de la ville d’Avignon  

Raymond Chabert - Une peur bleue. L’épidémie de cholera en 1854 

Archives du diocèse d’Avignon. Les papes d’Avignon, heurs et malheurs

Patrice Bourdelais – Article sur l’histoire des épidémies

Jean-Luc Parpaleix - La pierre de la peste

Docteur L. Monier -  L’épidémie de choléra de 1884 dans la commune d'Avignon

Vincent Flauraud - Avignon vingtième siècle

Pour lire le texte proposé par Michel Grommelle, cliquer ici.

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