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Qu’est-ce qu’un herboriste ?
Au Moyen Age on parle d’herbier ou d’herboliste pour désigner celui ou celle qui vend au détail des plantes médicinales indigènes, non vénéneuses, fraîches ou séchées. Le nom d’herboriste apparaît à la fin du XVIIème siècle. L’épicier ou speciaire vend des épices arrivées en Europe après les croisades. Le droguiste vend les drogues, c'est-à-dire les simples (remède constitué d’une seule substance) et les remèdes nécessaires aux compositions médicamenteuses, souvent très alambiquées. Ces professions voisines et parfois concurrentes font partie de la même corporation.
Herboriste médiéval - Museum Boijmans Van Beuningen
Cueillette de la sauge
Le mot pharmacien est employé à partir de 1777 quand Louis XVI instaure une « Maîtrise de Pharmacie » distincte du diplôme d’herboristerie.
En 1941 on dénombrait 4500 herboristes et 11 000 pharmaciens, mais une loi supprime le diplôme d’herboriste et la vente de plantes médicinales est affectée au monopole pharmaceutique. Délaissée au XXème siècle, la cueillette des plantes sauvages trouve un nouvel essor et il existe des écoles d’herboristerie, une fédération de paysans herboristes et une association professionnelle de cueilleurs de plantes sauvages, en attendant une véritable reconnaissance.
Les herboristes de Provence
Dès 1540, on sait que les cueilleurs et colporteurs du village de Lardiers vendaient en Provence les plantes médicinales récoltées dans la montagne, dont l’absinthe, l’aconit, la belladone, la grande gentiane, la lavande aspic, le millepertuis, l’aigremoine, de thym, le valériane… A l’apogée de ce commerce, les colporteurs et leur mulet ou leur cheval ravitaillaient les « apothicaireries » de tout le royaume, malgré les conditions difficiles, tempêtes, crues, bandits.
Des le XVIIIème siècle, la montagne de Lure devient l’espace favori des botanistes provençaux : Darluc en 1782-84, Honorat vers 1830, Legré qui réalise fin XIXème le premier inventaire détaillé de la flore de Lure.
Legré ( 1838-1904) ami de l’abbé Coste, « floriste » célèbre auteur de la Flore descriptive et illustrée de la France, crée 31 herborisations éditées à Digne en 1915.
Plus proche de nous, autour de Pierre Lieutaghi, ethnobotaniste et auteur de plusieurs ouvrages dont Le livre des bonnes herbes en 1966, se reconstitue un réseau de passionnés qui diffusent et enrichissent toutes ces connaissances oubliées.
« Au temps des cultures transgéniques et des oliviers de ronds-points, il importe de se rappeler que la plus banale des feuilles est une page qu’on peut lire pour la première fois ». (Pierre Lieutaghi)
La nomenclature de Linné
Jusqu’au XVIIIème siècle, la définition d’une plante est une petite phrase latine plus ou moins variable au gré des auteurs, d’où de nombreuses confusions chez les botanistes comme chez les apothicaires.
Carl von Linné (1707-1778) crée un système dans lequel le nom botanique latin est une dénomination universelle qui s’applique à la même espèce dans tous les pays. La classification des espèces végétales (et animales) se fait désormais à partir du binôme :
- nom du genre : Salvia (sauge)
- nom d’espèce : pratensis (des prés) officinalis (officinale)
En 1753, Linné publie Species plantarum où il décrit environ 8000 végétaux différents auxquels il applique sa nomenclature, encore en vigueur de nos jours.
Un peu de vocabulaire
Pour une infusion, on verse de l’eau bouillante sur les fleurs, sommités fleuries, feuilles, fraîches ou séchées et on laisse infuser 5 à 10 minutes à couvert
Pour une décoction : on couvre les feuilles coriaces, racines, écorces, tiges, d’eau froide que l’on porte à ébullition puis à petit feu 10 à 20 min avant de laisser infuser.
Une macération est le contact prolongé de la plante avec de l’eau froide, du vin, de l’eau-de-vie ou de l’huile.
Phytothérapie : mot utilisé par le docteur Auguste Soins (ça ne s’invente pas !) vers 1865 pour désigner la médecine uniquement par les plantes, toxiques ou non.
Documentation : Musée botanique Artemisia de Forcalquier