Accueil / Dictionnaire des rues / Rue Joseph Vernet
Elle fut l’une des premières rues à être pavée, ce qui lui conféra le nom de Carreria Callatæ en 1524. Elle s’appela également Traverse allant de la livrée de Cambrai (actuellement une partie du musée Calvet) aux Lices Antiques (l’enceinte du XII et XIIIème siècle). Une auberge à l’enseigne du Chapeau d’Or lui donna ensuite son nom. En 1604, le premier pavage n’ayant pas résisté aux passages des charrois, le vice-légat Charles Conti ordonna qu'elle fut à nouveau caladée et elle devint rue Conti , mais en 1618 elle est désignée comme rue des Lices antiques, et en 1744 rue Calade sive de Conti ou des Lices. En 1881, elle est rebaptisée Joseph Vernet.
Joseph Vernet, né à Avignon en 1714 et mort à Paris en 1789, fils d'Antoine Vernet, peintre d'armoiries et de chaises à porteur, fut un peintre de paysages et surtout de marines, à qui Louis XV commanda une série de tableaux sur les ports de France. Il devint directeur de l’Académie de France à Rome.
Elizabeth Vigée Lebrun - Portrait de Joseph Vernet en 1778
La rue Joseph Vernet comporte un grand nombre de maisons et hôtels aristocratiques édifiés aux XVII et XVIIIème siècle, qui la font parfois surnommer « faubourg Vernet »:
N° 6 - Maison Casal
Il reste une moitié de sa tour avec un œil-de-bœuf époque Renaissance, car elle fut en partie démolie lors du percement de la rue Folco de Baroncelli. La maison fut habitée par Jean-François de Casal, docteur en droit, puis par Claude Pintat, archiviste de la ville, de 1736 à 1753. Ce serait ici que Louis XIV venait se « dessécher », après avoir joué au jeu de paume de la place Crillon.
N° 7/9 - Hôtel Tonduti de saint Légier .
Il s’agit de l’arrière de l’Hôtel dont l’entrée principale est rue de la Petite Fusterie
N° 21/23 - Maison Bouchet
Pierre Simon Bouchet (1747-1814), agronome, fut un des consuls d'Avignon avant la Révolution. En 1793 Bonaparte, alors capitaine envoyé par la Convention nationale pour organiser l'approvi-sionnement de l'Armée d'Italie, souffrant du paludisme rédigea ici Le Souper de Beaucaire, son pamphlet contre le fédéralisme.
N° 27 - Hôtel d'Anglesy
Le peintre hollandais Quirinus van Bancken, né vers 1579 à La Haye et mort en 1649 à Avignon, habitait une maison à cet emplacement en 1618 car il s’était fixé à Avignon suite à son mariage avec la fille du peintre Duplan. Une cinquantaine de ses œuvres réparties dans la région, toutes d’inspiration religieuse, n’ont été que très récemment identifiées.
Antoine-Esprit d'Anglésy, capitaine des mousquetaires du roi, en devint propriétaire au XVIIIème siècle. Sa veuve fit construire un hôtel par Jean-Pierre Franque, en 1787. De 1806 à 1825 une partie des bâtiments abrita les archives départementales.
Chapelle de l'Oratoire
Notre-Dame des Missions
Elle fut construite de 1713 à 1750. Son maître d'œuvre fut Jean Léonard natif de Marseille (1690-1749), oratorien, chanoine de saint Pierre et homme du monde, qui s'inspira de la chapelle de l'Hôpital de la Vieille Charité de Marseille édifiée en 1672 par Pierre Puget.
Les Oratoriens ayant été de fervents défenseurs de la Révolution, la chapelle fut d'abord, sur l'initiative du père Mauvans, transformée en « Club patriotique », mais il fut tué lors du massacre de la Glacière. La municipalité récupéra les lieux pour y entreposer poudre, salpêtre et munitions et elle resta sous le contrôle du Ministère de la Guerre, ce qui lui évita d’être détruite quand il fut question de construire un théâtre à sa place. Elle fut rendue au culte en1825 et sert d'aumônerie du lycée Frédéric-Mistral voisin.
N° 33 - Hôtel de Raousset Boulbon
Joseph de Raousset, comte de Boulbon, le fit construire sur les plans de Jean Baptiste Franque en 1769
N° 34 - Hôtel de Suarès d'Aulan
Le cardinal de Comminges Bertrand de Cosnac l’habita de 1371 à 1374 ; la famille milanaise d’Antoine de Trivulce, vice-légat de 1544 à 1547, y vécut. Il passa ensuite aux Montmorency, aux Lagnes, aux Beauvois de Nogaret qui le vendirent en 1784 à Jean de la Croix de Suarès d'Aulan qui le fit reconstruire en 1784 sur les plans de l’architecte Bondon. Sous le premier empire, il passa aux Pezénas de Pluvinal puis aux Réginel-Barrème. Au XIXe siècle il fut transformé en une école par les Frères des écoles chrétiennes. Les violents combats entre résistants et miliciens à la libération d’Avignon laissèrent des traces de balles encore visibles. L'Hôtel est actuellement intégré dans le collège Vernet.
N° 35 - Hôtel de Brancas de Rochefort ou de L'Espine
André-Louis de Brancas, comte de Rochefort, confia la construction de son hôtel à Jean-Baptiste Franque entre 1716 et 1732. Durant la Révolution il passa à Louis François Xavier des Merles de Beauchamp puis à sa fille la marquise de l'Espine. Au XXème siècle, ce fut l’hôtel de Police, puis un Collège littéraire universitaire et à présent la Chambre de métiers et de l'artisanat de Vaucluse, actuellement (mai 2020) en rénovation
N° 58 - Hôtel des Taillades ou de Bassinet
Pierre de Bassinet d'Augard fit entreprendre sa construction vers 1710. La façade est décorée de trophées d'armes et d’un aigle à la tête voilée.
La famille de Bassinet donna une succession de consuls et assesseurs : Pierre en 1623, Jean de Bassinet en 1665, Joseph en 1669, 1678 et 1684, Pierre-François Hyacinthe à diverses reprises au XVIIIème siècle. L’abbé Alexandre-Joseph de Bassinet, 1733-1813, historien et prédicateur, fut aussi agent secret royaliste durant la Révolution.
En 1771 l’hôtel fut vendu à Joseph Marie de Monier, baron des Taillades, dont il prit le nom. La famille le conserva jusqu’en 1869. A cette époque, le docteur Monnier des Taillades faisait la publicité dans les almanachs de son « Yrroé, purgatif, fébrifuge, vermifuge et dérivatifs, efficacité constatée par plus d’un siècle d’existence ».
N° 65 - Hôtel de Villeneuve Martignan
Musée Calvet
La Livrée de Cambrai, résidence du cardinal Pierre d'Ailly évêque de Cambrai, fut vendue en 1719 à François René de Villeneuve, marquis d'Arzeliers et seigneur de Martignan. Son fils, Jacques Ignace l’agrandit de nouveaux bâtiments par Thomas Lainée, puis fit tout démolir pour reconstruire sur les plans de Jean-Baptiste Franque. L'Hôtel fut acheté en 1802 par le marchand Deleutre qui le loua à la ville d'Avignon pour y installer les collections d'Esprit Calvet. La municipalité l’acheta en 1833 pour en faire le musée Calvet. Les belles porte en ferronnerie sont l’œuvre de Noël Antoine Biret.
N° 64 – Maison du chanoine Rougier
Moins aristocratique mais très jolie, la façade date de la seconde moitié du XVIIIème siècle. Des palmes croisées surmontent les fenêtres. La niche d’angle a perdu sa Vierge au profit d’une allégorie des vins du Rhône par le sculpteur Francis Lievore dans le cadre de l’opération « Les Oubliées ». La niche d’origine est surmontée de deux têtes d’anges ; de chaque côté sont sculptés deux brûle-parfums dont la fumée s’échappe en gros volutes sur le dais en coquille..
N° 67 - Hôtel de Raphélis Soissan - Musée Requien
Au XVème siècle deux maisons situées à cet emplacement appartenaient à des macelliers (bouchers) du fait des abattoirs. François Marie de Louvancy en était le propriétaire à la fin du XVIIème siècle. Elles furent transmises par mariage à Gaspard de Belli, seigneur de Roays, puis à la famille de Soissan qui fit édifier l’hôtel au milieu du XVIIIème. A la Révolution Joseph François Hyacinthe de Raphélis Soissan, resté à Avignon, conserva ses biens. Sa collection de 3 500 ouvrages, de partitions et d’instruments de musique et de physique fut vendue aux enchères en 1811. La Fondation Calvet y réunit les collections d'Histoire naturelle d'Esprit Requien sous le nom de Musée Requien en 1940.
Madone à l'angle des rues
Joseph & Horace Vernet
N° 73 - Bel immeuble avec fronton triangulaire
N° 83 - Collège saint Nicolas d'Annecy
Fondé par le cardinal Jean Allarmet de Brogny il prit le nom de « Grand Collège ». Destiné à héberger vingt-quatre étudiants en droit canon et en droit civil, il perdit son prestige au XVIIème siècle devant le succès des jésuites. François de Royers de la Valfenière éleva la tour de l’escalier en 1642 et Pierre II Mignard les arcades soutenant le premier étage en 1704. En 1705, il fut uni au collège du Roure puis vendu comme bien national à la Révolution et finalement légué à la Fondation Calvet. C'est actuellement un restaurant.