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Jadis appelée place du Roure, puis de la Préfecture, la large rue Viala offre deux superbes Hôtels particuliers : Forbin de sainte Croix (Préfecture) et Desmarets de Montdevergues (Hôtel du département)
Hôtel Forbin de sainte Croix
Au XIVème siècle se trouvait à cet emplacement la livrée de Poitiers, résidence de Pierre de Luna, futur Benoît XIII, le dernier anti-pape. L'empereur Sigismond de Luxembourg, pour promouvoir la fin du grand schisme, y séjourna fin 1415 et donna une fête grandiose au cours de laquelle chaque dame invitée reçut « un diamant enchâssé en anneaux d’or ».
En 1473, la livrée passa à Astorge Aimery, évêque de Saint Paul Trois Châteaux, puis à Julien de la Rovère (futur pape Jules II) qui y installa le collège du Roure destiné à former trente-six étudiants aux droits civil et canon. L’arceau au-dessus de la rue Bouquerie servait à réunir la grande et la petite livrée de Poitiers.
François de Royers de La Valfrenière puis Pierre II Mignard travaillèrent à une nouvelle façade remplaçant le décor gothique. En 1709, le collège du Roure fut réuni à celui de saint Nicolas d’Annecy. Les bâtiments vacants furent vendus en 1712 à Jean-Baptiste Raynaud de Forbin de Barthélemy de Galéans des Issarts, seigneur de Sainte Croix des Issarts et des Angles. Il fit reconstruire l'hôtel actuel sur les plans de Jean-Baptiste Franque en conservant probablement la façade de Mignard, avec une belle porte de Thomas Lainée.
Confisqué à la Révolution, l’Hôtel devint le siège de l'Administration départementale, puis fut acheté par l'État en 1822 pour devenir la Préfecture de Vaucluse, avec des aménagements de Prosper Renaux. Il accueillit Napoléon III et l’impératrice Eugénie en 1860.
Hôtel Desmarets de Montdevergues
Au XVIIe siècle, l'hôtel appartenait à la famille d'Aymard. Il fut vendu en 1708 à François-Éléazar marquis de Cappelis, capitaine de galères, fondateur d’une dynastie d’officiers de la marine royale. La demeure fut rebâtie sur les plans de Pierre II Mignard puis par François II Franque, avec un balcon de ferronnerie et de larges baies surmontées d'un fronton triangulaire.
En 1785 il est vendu à Charles-Magne Victorin Desmarets, seigneur de Montdevergues. mousquetaire puis capitaine de cavalerie. En 1785 des oiseaux aquatiques, armes du propriétaire, sont sculptés sur la façade, une colonnade toscane encadre la porte et soutient le balcon ouvragé, œuvre du serrurier Benoît.
Desmarets mourut en exil à Saint Domingue et sa veuve, qui avait divorcé pour récupérer l'Hôtel, le vendit en 1829 à César-Auguste-Joseph de Joannis, marquis de Verclos. Il passa ensuite à la famille Foulc qui avait fait fortune dans le commerce de la garance.
L'assemblée départementale du Conseil général, voulant se doter d'un lieu lui permettant d'affirmer son indépendance et sa liberté de se réunir sans autorisation du préfet, acquit l'Hôtel en 1876 pour la somme de 120 000 francs.
Joseph Agricol Viala, neveu d'Agricol Moureau, naquit en 1778 à Avignon et fut tué le 6 juillet 1793 à Caumont-sur-Durance.
Une insurrection fédéraliste éclata dans le Midi en 1793, soutenue par les Anglais et alliée aux Royalistes, espérant briser la Convention et mettre un terme à la Révolution. Les soldats de la Première République se replièrent vers Avignon.
Agé de quinze ans, Joseph Viala était commandant de l'«Espérance de la Patrie», la garde nationale des jeunes Avignonnais. Il se joignit aux gardes nationaux pour empêcher les fédéralistes de franchir de la Durance. Quand il fut décidé de couper les cordages du bac de Bonpas exposé à la mitraille, le jeune Viala s'élança vers le câble et l'attaqua à la hache mais fut mortellement blessé. Les insurgés passèrent la Durance mais les Républicains purent opérer une retraite.
Viala et Bara font partie des jeunes garçons héroïques glorifiés par la Révolution. À Avignon, une fête civique fut organisée le 30 messidor et une gravure le représentant distribuée dans toutes les écoles.
Estampe d'Alix Pierre-Michel
Joseph Viala
Musée du château de Versailles