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Accueil  / Vidéos Avignon pas à pas - Henri Bosco                                                  Par Francis & Liliane, Octobre 2021

Avignon pas à pas...

Quatrième promenade

Sur les pas d'Henri Bosco

Si tu savais ô ma sagesse, si tu savais comme le soir la ville d’Avignon est douce à la fuite du fleuve.

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Je suis né à Avignon, rue de la Carreterie, au n° 3, le 16 novembre 1888.

 

On disait « la Carreterie » pour tout le quartier. Un quartier ancien resté commerçant, animé, populaire, et où se touchaient le long de la rue échoppes, boutiques, magasins, remises, entre les remparts, l’église des Carmes, le clocher de st Augustin, le coin du Portail Matheron. Le commerce y était vivant. On y trouvait de tout, des selliers, des grainetiers, des sabotiers, des épiciers, des quincaillers, des papetiers, des marchands de vin, des droguistes ; des merciers, et des bonnetiers, et des drapiers, et aussi des limonadiers, et des charrons !

 

On échangeait beaucoup, au détail et en gros, du matin au soir. Il s’exhalait ainsi de ce commerce un air puissant en odeurs mélangées. C’était le cuir, le blé, le tourteau, les épices, des bois résineux, la fibre, la laine, le vin, la soude, le soufre, le café, le savon, et toutes les huiles, dont les émanations, surtout aux chaleurs de l’été, s’élevaient entre les maisons et y pénétraient très profondément.

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Son père, Louis, 1847-1927, était tailleur de pierre, luthier et chanteur d'opéra, souvent en déplacement. Sa mère, Louise, née en 1859, avait perdu quatre enfant avant lui.

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A ce que disait ma mère, j’ai jailli au monde. Expulsé de son corps avec violence, je suis allé heurter, non moins violemment, de la tête contre le fond du lit en hurlant très fort.

-Aquéu sara un beù renaïre, déclara l'accoucheuse... Ce sera un fichu grognon !

 

Il fut en réalité un enfant solitaire et rêveur, de santé fragile.

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Je tiens une grave et fidèle mémoire des deux sangs dont j’ai hérité.

 

De mon père, surtout une mémoire calme, qui revoit, qui entend, qui contemple, qui se tait. De ma mère la ténacité du souvenir. On y rencontrait souvent des fantômes. Elle prétendait n’y pas croire, pourtant elle en avait peur.

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Jusqu’à dix huit ans, je n’ai pas quitté Avignon. J’y ai vécu à la campagne, entre Durance et Rhône.

Il a trois ans quand sa famille quitte le centre-ville pour habiter une demeure proche de la Durance, le mas du Gage, à l'extrémité du quartier de Monclar, au quartier de Baigne-Pieds.  Il entre en classe à l'âge de dix ans à l'école des Ortolans rue Bouquerie. Lors des absences de ses parents, il était accueilli par Julie Jouve, sa marraine originaire de Bédoin, concierge du Conservatoire d'Avignon, ou bien au mas par la tante Clarisse devenue la tante Martine de ses romans.

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A sept ans je savais lire et écrire sans avoir fréquenté l’école. M’y envoyer ne plaisait guère à mes parents. Ma mère m’avait enseigné. Je lui dois les premiers rudiments de l’écriture, du calcul, du solfège, de l’Histoire sainte.

Dès l’âge de douze ans, il lui arrive fréquemment de rester seul au mas du Gage. Puis, pensionnaire au lycée d'Avignon il y fait ses humanités grecques et latines, tout en étudiant la musique au Conservatoire d'Avignon et le violon auprès de M. Maillet, l'organiste de l'église Saint-Agricol, où il sera plus tard organiste lui-même.

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Il fallait voir, le dimanche matin, vers dix heures, la route de Monclar envoyant vers la ville la population de notre quartier.

Depuis les campagnes lointaines, et même depuis la Durance, jusqu’au pont de la gare – horrible pont en fer sur lequel manœuvraient avec fracas, nuit et jour, d’interminables trains de marchandises – cette population prenait le chemin des remparts qui, plus ou moins vandalisés, entouraient cependant la vieille ville. Franchies ces antiques murailles, tout ce monde bien endimanché se répandait un peu partout dans les églises.

Les plus nombreux allaient écouter leur messe de prédilection soit à saint Agricol, soit à saint Didier, paroisses un peu campagnardes car, en ce temps, la campagne n’avait pas d’églises.

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Les plus courageux grimpaient hardiment jusqu’à la cathédrale, les plus tardifs se prélassaient en nombre à l’Oratoire.

Pendant cette heure dominicale du matin, où dans les églises où murmurent ou grondent les orgues, Dieu sait si celles de M. Maillet s’en donnaient à cœur joie d’ébranler les voûtes, après ce Deo gratias qu’il disait avec je ne sais combien de trompettes énormes où, hors de lui, il faisait couler des torrents d’air, à grands coups de soufflets, tant il aimait Dieu, la messe et les orgues de saint Agricol.

Il éprouve tout enfant une fascination pour la Durance, au centre de son roman L’enfant et la rivière.

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Entre le vieux village de Barbentane et notre maison de campagne, coulait, large, variable, violente, et toute blonde de ses sables, le Durance, rivière vivante, aux eaux dangereuses mais claires, sauf au moment des grandes crues. Elle formait partout des îles chargées d’oseraies, de saules épineux, de bouleaux tendres, de peupliers noirs.

De quels plaisirs n’ai-je pas joui, en cachette, à errer sur les berges de cette rivière dont on me répétait qu’elles étaient perfides ? Pourtant les bords me semblaient rassurants et les sables hospitaliers. Les eaux basses en étaient si claires qu’on en voyait les fonds couverts de galets bien polis. Par endroits, en été, quand tout sèche, les langues de cailloux et de sable émergeaient et, du rivage jusqu’à un îlot, formaient un chemin praticable. Quelle tentation !

Henri Bosco est incorporé à l’armée d’Orient pendant la 1ere guerre mondiale, est professeur à Naples et écrit son premier roman, Pierre Lampedouze, où il décrit Avignon, puis au Maroc.

Je vais à travers les ruelles. J’ai besoin de voir cette ville. Elle est pleine de dieux et de déesses. Il y en a sous les portails et dans les oratoires. Les vieux saints sont assis à coté d’eux. Pas de haine dans cette ville et dans cette claire Province, la plus antique de la France.

 

Toute la ville est argentée de métal pur. C'est le dimanche des Rameaux. Saint-Agricol clame sa joie. Saint-Didier tinte à tous vents. Saint-Pierre a des battants qui font tourner les cloches. Les Carmes chantent en patois un vieux cantique de Maillane, toutes les chapelles s'appellent dans les rues lointaines où fleurissaient, jadis, les confréries, et les confréries et les couvents qui sont perdus sous les remparts, font danser leurs petites cloches, et le grand bronze du bourdon de Notre-Dame des Doms dont dépendent quatre paroisses, du sommet de sa métropole, jette sa gloire et sa clarté à travers toute la Provence ». ("Pierre Lampedouze")

Il  reçoit de nombreux prix : Renaudot pour Le Mas Théotime, prix Louis Barthou, grand prix national des Lettres, prix de l’Académie de Vaucluse en 1966 avec un hommage rendu à Avignon, grand prix de littérature de l'Académie française en 1968 pour l'ensemble de son œuvre, qui comporte trente-quatre romans, souvenirs et livres pour enfants.

 

A la retraite, en compagnie de son épouse Madeleine il partage sa vie entre Nice, où il a acheté la Maison Rose, et son bastidon de Lourmarin. Il célèbre le Luberon, terre de paysans, de vignerons et de mystère.

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Lourmarin : de plus beau village je n’en connais guère.

 

J’ai gardé de la campagne le besoin et l’amour toute ma vie. J’y habite encore, j’ai deux maisons à moi, plantées dans la terre, des maisons à vieilles et bonnes racines, bâties sur des collines franches où les arbres s’étagent de terrasse en terrasse, rustiques et drus, l’olivier, le cyprès, l’amandier et le chêne. De vrais arbres, ceux de mon sang.

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Il meurt à Nice à 87 ans et est enterré à Lourmarin.

Une plaque au dessus des pierres tombales d’Henri et Madeleine Bosco porte cinq lettres grecques en croix :

Tout en haut, la Lumière

Entre le corps et l'ombre,

Le cœur, dans le cœur de la Croix,

Et pourtant, tout le poids de ces cinq mots terribles sur mes frêles épaules

L’Âme, notre âme humaine

Si je mourais dans une ville

Emportez bien vite ma cendre

Ce n’est pas là qu’il faut m’étendre

Mais ailleurs, dans un champ d’argile

En Provence il est des collines

De calcaire fais, pleins d’antres

Mettez-y mon âme ; elle y entre

Il suffit qu’on l’incline

Le Luberon et les Alpilles

Abritent ces refuges

Deux vieux cyprès, l’ombre du juge

Et quatre mots pour la famille

Rien de plus. Pas une prière.

 

Henri Bosco

C’était pour les songes et surtout pour les songes que j’étais né...

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Depuis 1973, l’association « L’amitié Henri Bosco », fondée à Nice sous le parrainage de l’écrivain, publie les « Cahiers Henri Bosco » et se présente comme « un lien entre les lecteurs qui ont découvert dans ses récits une certaine image de la Provence, une fascinante exploration des abîmes de l'être et de la nature. Elle organise des journées d'études, conférences et colloques en Europe. Elle organise chaque année à l'Ascension pour ses adhérents une ballade littéraire sur les traces d'Henri Bosco dans le Lubéron. Ainsi l'œuvre demeure vivante, lue, étudiée et traduite dans le monde entier. »

http://henribosco.free.fr/amitie.html

Merci à Mme Corinne Roux pour la visite de l'école.

Le tramway

d'Avignon

affiche le portrait

d'Henri Bosco

sur l'une

de ses rames.

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Bibliographie

 

-Extraits de «Pierre Lampedouze » et « Un oubli moins profond » -  Editions Gallimard

-http://plasticites-sciences-arts.org/PLASTIR/Buis.pdf - Roger BUIS

-http://henribosco.org/chronologie/frise_h_bosco.html

-https://www.paperblog.fr/7783780/en-provence-sur-les-pas-de-bosco-jf-jung-et-sophie-pacifico-le-guyader

-http://henribosco.free.fr/bio/formation.html

-Texte d’EMILE HENRIOT, de l'Académie française

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