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Vestiges du Couvent des Célestins

   Au Moyen Âge cette place s'appelait du Corps Saint ou Corps du Saint d'après les reliques de Pierre de Luxembourg, décédé le 2 juillet 1387 à l’âge de 19 ans après une longue pénitence pendant laquelle il cessa de s’alimenter. Il avait été nommé cardinal  par son oncle, le pape Clément VII pendant la période du Grand Schisme. Il voulut être inhumé, par souci d’humilité, dans le petit cimetière hors-les-murs de Saint-Michel, ou cimetière des Pauvres. A cet emplacement s'éleva ensuite le couvent des Célestins.

 

Des miracles se produisirent sur sa tombe et l’on venait de loin pour y prier. Clément VII organisa la canonisation de Pierre de Luxembourg en une véritable opération médiatique, mais il ne fut que béatifié tardivement.

Marie de Blois, reine de Sicile, attirée par sa renommée, fit construire une chapelle en bois sur sa tombe ; une somptueuse église, consacrée en 1402, la remplaça. Elle fut décorée au XVIIe siècle par La Valfenière, qui y est enterré.

     

   En 1369, le camérier de Clément VII, Raoul d’Ailly, fit construire près de la chapelle saint Michel aujourd'hui disparue, la chapelle de Tous les Saints qui a été retrouvée en 1975, dissimulée derrière des façades de magasins.

  

En 1674, les reliques de saint Bénézet furent transportées dans le monastère des Célestins dont il reste les vestiges imposants du cloître. Elles sont à présent exposées dans l'église saint Pierre.

 

En 1843, on s'avisa que deux saints avaient été inhumés dans l'église, et on rajouta un "s" à "saint", alors même que les reliques avaient été dispersées à la Révolution.

   

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Chapelle St Michel

et de Tous les Saints

   À l’entrée de la place se trouvaient la porte de l'enceinte de 1226, dite du Pont-rompu (Pontis fracti), et l’Hôpital de la Bienheureuse Marie du Pont Rompu.

Ce pont, qui faisait communiquer la rue des Trois Faucons avec la place du Corps Saint, était très étroit et la ville le fit élargir en 1738, en y ajoutant tout l’espace qu’occupait sur la Sorgue la maison acquise d’un sieur Blanc.

   Le jardin des Célestins était séparé des bâtiments du monastère par une rue qui, de la place des Corps Saints, aboutissait en face de la tour des Arbalétriers. Les moines, qui ne pouvaient s’y promener qu’en passant sous un arceau, tentèrent souvent d’usurper cette partie de la voie publique. En 1689, profitant de la prise de possession d’Avignon par le roi de France, ils obtinrent du président du Parlement de Provence une ordonnance  les autorisant à la fermer. Mais, sur les réclamations des habitants, ils durent la rouvrir et  la rue prit le nom de Courte Joie. Cependant elle disparut lorsqu'à la Révolution, le Département réunit le couvent des Célestins à l’hôpital militaire, auquel étaient déjà affectés les bâtiments de l’ancien monastère des Dames de saint Louis.

   Le jour de Mardi Gras 1763, arriva sur la place l'effigie du Grand Turc, ses vizirs, le mufti, six esclaves le visage peint en noir, portant des colliers de chien en argent et des manchons de plumes rouges et vertes qui leur servaient de turbans. «Quand cet espèce d'empire ambulant fut arrivé au Corps Saint où l‘on fit halte, les esclaves descendirent les premiers.Ils étendirent au milieu de la place un très beau tapis de Turquie et firent écarter le monde pour que leur maître put venir s‘asseoir et prendre le café que les vizirs lui servirent d’une manière assez singulière, tandis que le reste de sa cour était droit devant et derrière lui. Il fuma quelques bouchées de tabac et continua de garder une longue et belle pipe tout le temps de la marche, étant remonté sur le chariot par le chemin du cours Saint Michel. Il était précédé par quatre pierrots et deux autres en habit de théâtre d’un autre goût, montés tous six sur des mulets, jouant du galoubet et du tambourin».

Saint Bénézet

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Frédéric Dehout

Statue de saint Bénezet

Le n°38 appartenait au menuisier Brunet qui lors de la bagarre du 10 juin 1790, tua deux hommes et fut guillotiné. Sur cette place, le dimanche 14 octobre 1792, on planta un arbre de la Liberté. «Les filles du Corps Saint et celles du Limas s'étaient fait couper les cheveux à la Jacobine et portaient le bonnet de la Nation sur leur tête».

Joseph Ferragut

Au n°40 une maison de la fin du XVIIIe a appartenu à une fille du peintre Lesbros (1873 - 1940), qui y entreposait des centaines de tableaux de son père. 

L'épicerie Ferragut des années 1950 à 1980 était tenue par deux frères, Mathieu et Louis, dit Lolo, champion de France de tir à l'arquebuse. Cette vocation lui était venue en faisant l’acquisition d'un lot de silex taillés récupéré d'un baril de pierres tombé dans une rivière. 

 

Une traverse discrète permet de gagner le square Agricol Perdiguier. A l’angle de la rue de la Bourse, une statue de Frédéric Dehoux de 1994 représente Saint Bénézet sur une barque, tenant la maquette du pont 


Quatre vieux platanes entourent une fontaine en fonte du XIXème siècle, décorée de cygnes et d'un enfant triton tenant une conque marine et jouant avec une tortue. La statue en fonte de l’enfant, du sculpteur Hubert Lavigne, devrait en fait être placée au sommet de la vasque.

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