top of page

Accueil / Art & Histoire  /  Les Archives départementales

Par Liliane, & Francis  Juin 2024

Les Archives départementales

     Les archives, ce sont la mémoire d’une ville, d’une région, d’un pays et de tous ses habitants. La conservation de celles du Vaucluse – judiciaires, notariales, hospitalières, ecclésiastiques, privées, couvrant tout le territoire du département - est intimement liéest à ce qu’on appelle « les soubresauts de l’Histoire », qui n’ont pas manqué à Avignon.

Photo Archives départementales

Les Archives départementales avaient été créées en 1796 en tant que « dépôt national des titres et papiers » sous l'autorité du secrétaire général de la préfecture.

 

Mais où réunir tous ces documents ? Ils vont être sujets à plusieurs déménagements, installations provisoires qui débordent rapidement, nouveaux transferts donnant lieu à d’interminables discussions, propositions et contre-propositions, plans et projets divers.

Après 1793, de nombreux bâtiments religieux avaient été abandonnés, avec parfois leur mobilier et leurs archives.

Lesquelles archives on essaie d’abord de regrouper et de réorganiser. Les efforts du premier archiviste, le chanoine Néry, sont déterminants pour la sauvegarde d'un grand nombre de fonds de l'Ancien Régime, surtout des corps ecclésiastiques. Le Petit Palais est devenu un vaste garde-meubles de mobilier, tableaux, objets d’art, papiers de toutes sortes confisqués. C’est là qu’on apporte provisoirement  les archives, avant de les déménager en 1805 dans les hôtels particuliers de la place Viala, l’Hôtel Forbin de Sainte Croix (devenu le siège de la préfecture), et l’Hôtel Desmarets de Montdevergues (devenu hôtel du département).

 

Paul Achard (1811-1884), auteur entre autres du «Guide du Voyageur ou Dictionnaire historique de la ville d’Avignon», archiviste qui  va exercer sous 17 préfets, effectue un énorme travail de tri, classement, inventaire et répertoire, mais le local n’est plus adapté et l’inondation de 1840 cause des dégâts importants. Celle de 1856 sera moins destructrice car les archives ont été transportées en étages, mais en 1870 le nouvel archiviste dénonce leur « état catastrophique ».

 

On envisage alors de les déménager à l’Hôtel Crochans (actuelle maison Jean Vilar), mais l’accès est malaisé, puis rue de la Bouquerie. Finalement l’arrière du palais du Roure voisin est loué pour servir d’annexe, l’ajout des archives judiciaires compliquant encore le problème de stockage. Viollet le Duc envisage d’agrandir l’Hôtel de Forbin mais c’est le Palais des Papes qui sera préféré.

Gisant de Paul de Sienne,

pape Benoît XII,

dans la crypte

de saint Pierre de Rome

Le "Palais vieux"

figuré en gris sur ce plan

Le palais édifié par Jean XXII avait paru insuffisant aux yeux de Benoît XII (1334-1342) : il le fait démolir et construire à la place, par Pierre Poisson, une forteresse vaste et austère, reflétant ses goûts sobres d'ancien moine cistercien. On l’appellera le "Palais Vieux".

 

Après la Révolution, s'était posée la question du devenir de l'énorme ensemble désormais déserté.

 

Une partie est tout d’abord transformée en caserne, à la charge de la commune, avec toutes les dégradations qui s’ensuivent : carrelages arrachés et jetés par les fenêtres, fresques recouvertes, mezzanines installées sans ménagement.

Installation de l'armée dans le Palais

L’autre partie, une prison pour femmes affectée au département, s'inscrit dans une continuité : depuis le Moyen Âge, les tours du nord de l'ancien palais, aux murs épais et aux petites ouvertures, servent de lieu d'enfermement au service des autorités qui se sont succédé. En 1811, un devis de réparation précise que «on a point cru devoir les transférer ailleurs, quoique leur aspect ressemble plutôt à des catacombes qu'à la destination qu'on cherche à leur donner ». Il faut attendre 1871 pour que le transfert à la prison sainte Anne, voté en 1859, soit effectué.

Il était temps, l’étage du bâtiment affecté à la prison s’effondre.

La chapelle de Benoît XII édifiée à partir de 1335 en englobant l’église saint Etienne, mesure 38 mètres sur 9. Elle comprenait deux niveaux : la chapelle palatine pour les cérémonies, tandis que le rez de chaussée s'était rapidement transformé en entrepôt.

 

Au XVIIème siècle, abandonnée au profit de la grande chapelle du palais, elle n’a plus de toiture et va servir de cour à ciel ouvert pour la prison des femmes. Lors de l’aménagement du palais pour les archives, elle est restaurée et couverte d’une voûte.

 

Aujourd'hui plus de deux kilomètres linéaires de documents s’y trouvent. De chaque côté, des travées ont été ménagées afin de mieux faire évacuer l’humidité. Les conditions de conservation sont étudiées pour éviter au maximum humidité et poussière.

Une fois les diverses installations militaires réalisées (Caserne des Passagers, caserne Hautpoul) et la prison transférée dans le nouvel établissement rue de la Carreterie, le "Palais vieux" est donc spécialement aménagé pour loger les archives départementales, ce qui permet un sérieux accroissement à partir de 1859 : archives judiciaires, premiers minutiers notariaux, archives hospitalières et anciennes de la ville d'Avignon, fonds du duché de Caderousse.

L’aile des Familiers accueille alors le hall d’exposition et la salle des inventaires.

Sont aménagées également les ailes nord et ouest du cloître, avec une salle de lecture et des bureaux. La tour Trouillas, édifiée en 1346,  la plus haute avec ses 52 mètres et ses onze étages, servait de réserves de munitions, de stockage alimentaire et de logements pour les soldats et les prisonniers au temps de la caserne. Aujourd’hui elle accueille une salle de tri et des magasins d’archives, de même la Tour de la Campane.

Sous la longue direction de Léopold Duhamel, de 1876 à 1922, plusieurs inventaires sommaires sont faits et une annexe à Carpentras est créée. Au début du XXème siècle Léo Imbert puis Hyacinthe Chobaut poursuivent l'accueil au Palais des Papes des fonds d'archives des greffes des tribunaux et surtout des riches fonds d'archives notariales.

La Tour Trouillas

Le prestigieux fonds familial des Galéan Gadagne, les dépôts d'archives des petites communes en application de la loi de 1970, ceux des fonds d'hôpitaux, d'entreprises (réglisserie Florent par exemple) et des paroisses catholiques et réformées, viennent s’ajouter.

 

Des documents émouvants sont soigneusement conservés, en particulier les registres concernant les enfants abandonnés, souvent morts très jeunes, qui comprennent parfois des médailles mariales ou des mèches de cheveux.

Dossier militaire d'Aimé Bernard, enfant abandonné

Dossier de Louise Madeleine Alyrac, 1901

Magnifique "terrier", cadastre servant à la répartition du cens (impôt), rédigé en latin sur un parchemin de porc au XIVème siècle, ayant appartenu à Anglicus Grimoard, frère d'Urbain V.

De 1976 à 1982, le Département réalise un important chantier de restauration de cette partie du palais, permettant la création de bureaux et d'une salle des inventaires, d'un laboratoire photographique, d'un centre de recherches sur la papauté d'Avignon et de plusieurs niveaux de magasins dans la tour Trouillas. Depuis les lois de décentralisation de 1982-84 les Archives départementales sont une direction du Conseil général de Vaucluse.

En constante évolution, les Archives départementales, après le stockage sur microfilms puis CD, ont déjà numérisé deux millions de pages et d’ici l’année 2025, les 1 684 447 fichiers répertoriés soit 25 kilomètres de documents sur supports traditionnels,  vont être transférés au Pôle de recherche et de conservation dénommé Mémento.  Ce bâtiment contemporain à Agroparc prendra donc la suite du Palais des Papes pour accueillir la mémoire du Vaucluse.

Les missions des Archives ne cessent elles aussi d’évoluer : le numérique va permettre une diffusion plus vaste sur Internet des documents, dont certains sont très souvent demandés, en généalogie par exemple. Le devoir de communication et de conservation des Archives va de pair avec la nécessité d’anticiper les évolutions technologiques des supports : ces différents types de mémoires inaliénables doivent continuer à être accessibles et transmissibles.

Bibliographie

 

- Linda Guerry. La prison du Palais des papes (1811-1871). Contribution à l’histoire des prisons

départementales au XIXe siècle. Études vauclusiennes, 2005

- http://www.ballade-medievale.fr

- Conférence de M. Bernard Thomas, archiviste et historien, en mai 2024

- Dernière et passionnante visite du site avant son transfert, menée par un archiviste.

Notre association ne vit que par vos abonnements et vos dons. Si cet article vous a plu,

vous pouvez nous soutenir en cliquant ici :

  • Instagram
  • Facebook
  • YouTube Social  Icon

 
Contact avignon.lacitemariale@gmail.com  Mentions légales © 2019 Association Avignon,  la cité mariale  Association laïque à but non lucratif
dédiée à la préservation et mise en valeur du patrimoine d'Avignon - N° Immatriculation RNA : W842007266 - Code APE : 94.99 Z - N°SIRET : 839 258092 00015

bottom of page